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Lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (LAGC AIM) — Données sur la surveillance canadienne de 2022

25 mars 2024

Une mise à jour intéressante de Santé-Canada sur le Lymphome Anaplasique à Grandes Cellules Associé aux Implants Mammaires (LAGC AIM)

 

  • Santé-Canada,  nous informe recevoir des rapports sur les cas de LAGC AIM. Ces rapports viendraient de plusieurs sources :  les fabriquants d’implants mammaires, les prestataires de soins de santé, les hôpitaux et même les patients eux-mêmes.
  • La surveillance de ces cas rapportés sera effectuée par Santé-Canada  jusqu’à ce qu’une tendance à la régression soit observée, mais au moins  pour 9 ans (2030).

Voici donc ce qu’on peut lire dans ce rapport (avec quelques explications de ma part)

  • Selon les données disponibles, Santé-Canada estime qu’il y a  eu depuis 2014,  60 cas confirmés de  LAGC AIM au Canada (9 cas avant 2014).   25  autres cas  ont été soupçonnés (en investigation ou avec des dossiers ayant des données incomplètes pour le confirmer). Je mettrai ces chiffres entre parenthèses ( ).
  • Le nombre de cas a culminé en 2019 (année de l’interdiction de vente des implants macro-texturés) , avec 16 cas (et 4 soupçonnés).
  • Par la suite la baisse du nombre de cas déclarés a été importante et constante année après année, alors que le problème et devenu encore plus  connu et recherché. En 2023, AUCUN cas prouvé n’a été identifié (1 soupçonné).
  • Lorsque le type d’implant impliqué dans un lymphome est connu (dans 25% des cas, on ne le sait pas) il s’agira d’un implant macro-texturé (Allergan), dans 99% des cas. On peut penser que la même proportion se retrouverait dans les cas où le type d’implant n’est pas connu, et que les implants d’autres types ne mènent pas aux lymphomes associés aux implants mammaires, selon nos connaissances à ce jour.
  • Santé Canada est au courant de 3 décès qui ont été attribués directement ou indirectement au LAGC AIM depuis avant 2014. Donc environ 2.7 % de décès des cas connus, mais la cause exacte du décès n’est pas disponible dans l’étude.

Limites reconnues de l’étude par Santé Canada

  • Les données de l’années 2023 n’ont pas encore été comptabilisées.
  • Il pourrait y avoir eu moins de cas rapportés avant 2019 car le problème était moins connu et moins médiatisé.
  • Certaines données soumises à Santé-Canada peuvent être incomplète et/ou ne peuvent pas être vérifiées.
  • Il est possible que des doublons soient inclus (même cas rapporté plus d’une fois).
  • La sous-déclaration à Santé Canada peut entraîner des incidents de LAGC AIM plus nombreux que ce qui est reflété dans cet ensemble de données.

Limites reconnues de l’étude selon moi (Dr JP Daigle)

  • Les données ne permettent pas de distinguer les cas des cas esthétiques donc ceux de reconstruction post cancer, radiothérapie,…  Il ne s’agit sans doute pas de populations semblables ni comparables. Comment se fait-il que nous n’ayons pas cette donnée. Cela aurait un impact sur notre conduite et sur nos patients.
  • Les sources de données sont-elles fiables? Hôpitaux, manufacturiers, patients, cliniques privées,… sont-ils rigoureux?
  • Si 50% des LAGC AIM avaient un sérome, combien de séromes autour d’un implant n’avaient pas de LAGC-AIM? Certainement un très grand nombre.
  • Comment expliquer la baisse du nombre de cas déclarés? L’hypothèse de la  sous déclaration des cas alors que la sensibilisation de tous est plus élevée, ne semble pas une hypothèse très solide. Y a-t-il eu progressivement dans le passé moins d’implantation d’implants texturés, surtout dans les cas de reconstruction post cancer du sein, dont les techniques ont beaucoup évolué ?  
  • Encore une fois, il n’y a pas de données claires tenant compte du nombre d’implants insérés au cours des même années ou des années précédant l’apparition du LAGC AIM.
  • Les données de Santé-Canada ne suggèrent pas que l’incidence de la maladie augmente avec le nombre d’années écoulées, ce qui semble aller à l’encontre d’autres études.

Bref, c’est sans doute une bonne nouvelle qu’on rapporte ici une baisse constante du nombre déclaré de LAGC AIM. 

De nombreuses questions demeurent sans réponse claire.

On peut lire l’étude de Santé-Canada en allant sur http://sante-infobase.canada.ca/labo-de-donnees/blogue-lagc-aim.html#

On peut s’inscrire à leur info-lettre  sur le LAGC AIM en allant à http://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/instruments-medicaux/abonnement.html#abonnement

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Il m'est impossible avec ce nombre réduit de tirer des statistiques. 

Néanmoins,  ces implants représentent dans ma série de patients,  2.5%  de ces  ruptures d'implants.


Il n'y a pas lieu de rechercher d'emblée des séromes ou des masses suggestives de lymphome associé aux implants mammaires mais l'échographie demeure sans doute d'examen de  choix pour évaluer l'intégrité de ces implants.

Une mammographie de dépistage est aussi requise pour les patientes de plus de 40 ans ou plus jeunes, si elles ont une histoire personnelle ou familiale de cancer du sein. Rappelons que le but de la mammographie est de dépister une lésion de la glande mammaire et non pas d'évaluer l'implant lui-même. C'est aussi de la médecine rigoureuse d'évaluer glande et implant  avec ces deux mesures pour avoir un diagnostic complet .

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Il s'agit d'implants, en général, de silicone liquide, datant d'avant 1992. Puisqu'ils sont toujours en place, ces implants datent de plus de 30 ans.

Ils représentent  25% des implants rompus que j'ai opérés. 

Les patientes consultent très tard (30 à 42 ans),  car leurs seins ne sont plus leur priorité. Elles ont des limitations financières, ou de santé... . Elles me consultent souvent pour autre chose (visage, paupières), qui est alors, devenu pus prioritaire...

Ces implants peuvent être considérés comme rompus dans l'ensemble

Il y a rarement d'investigation à faire. Les capsules de ces implants sont souvent calcifiées ce qui rend  le bilan radiologique  des seins eux-mêmes quasi impossible. 

Essentiellement tous ces implants demandent qu'on enlève  chirurgicalement silicone et capsules fibreuses, qu'on reconstruise une cavité, qu'on mette des implants modernes de gel de silicone, ou qu'on ne remette simplement plus rien. 

Un redrapage, seul,  n'est en général pas possible car il n'y a plus de glande mammaire. 

Les implants sont souvent devant le muscle ce dernier  s'est atrophié depuis des années. 

Une reconstruction par derme artificiel  ("Alloderm tm) peut être discutée mais est couteuse et associée à davantage de complications, une convalescence plus complexe et plus longue. Elle est rarement retenue comme solution.  Des techniques qui s'apparentent à "la brassière interne" sont souvent requises bien que personnellement, j'ai toujours nommées ces techniques comme étant des "capsuloraphies". 

C'est dans ce groupe qu'il est le plus fréquent de ne pas remplacer les implants. Une solution de "compromis" est souvent acceptée.

Je souhaiterais (recommande) qu'aucune patiente portant encore ces implants, ne les garde, si leur santé permet une intervention chirurgicale pour les retirer, les remplacer si possible.

Elles devraient  au plus tôt obtenir une opinion d'un chirurgien en qui elles pourraient accorder leur confiance.

 

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