L'Éternelle saga des implants mammaires VII
Mise à jour des informations sur les implants texturés. Santé-Canada et le Congrès Canadien de Chirurgie Plastique et Esthétique
6 avril 2019
Le 5 avril 2019, le même jour où se tenait le Symposium Annuel de Chirurgie Plastique de Toronto, Santé Canada annonçait son « intention de retirer la licence de mise en marché des implants mammaires des principaux fabriquants d’implants texturés actifs au Canada ». Ceci est déjà rapporté dans les médias comme un fait accompli : « Santé Canada retire les implants texturés… ». L’article original est obtenu joint par ce lien
http://www.canadiensensante.gc.ca/recall-alert-rappel-avis/hc-sc/2019/69520a-fra.php
Dans les faits, en consultant l’article original, on comprendra que Santé Canada donne « 15 jours » aux compagnies et diverses instances pour présenter les pour et les contres au maintien du permis de mettre ces implants sur le marché, en regard du risque précis de ces implants associé au Lymphome à Grandes Cellules associé aux implants mammaires (LAGC-AIM), et non pas en regard de la « maladie des implants » par exemple.
On peut ainsi comprendre que si les risques dépassent les avantages, ou si des informations insuffisantes sont disponibles, le permis pourrait être retiré, en tout, ou en partie. On indique déjà par exemple, qu’il n’est pas prévu que les implants texturés ne soient plus disponibles pour les cas de reconstruction de cancer du sein… La décision finale peut donc être relativement modulée.
Rappelons qu’en 1992, une décision similaire avait été prise alors que Santé-Canada décrétait un moratoire (arrêt d’usage) pour tous les implants contenant du silicone. 10 ans plus tard, de tels implants étaient remis sur le marché en 2002, de façon limitée (pour la reconstruction du sein, pour certaines indications précises) puis sans restriction en 2008, la sécurité des implants contenant du silicone ayant été démontrée après 16 ans d’observations et d’études (…).
Ce moratoire de 10 à 16 ans, n’avait existé qu’au Canada et aux Etats-Unis, le reste de la planète n’en ayant pas tenu compte. À ce jour, c’est le contraire qui s’est passé en France, les implants texturés ayant été retirés du marché il y a déjà près de 2 mois. Il faut également savoir, que la France, sans avoir participé au moratoire sur les implants de silicone, avait connu vers 2010 un scandale impliquant des implants de silicone « frauduleux » dans leur confection (https://fr.wikipedia.org/wiki/Poly_Implant_Prothèse) par un fabriquant peu scrupuleux, inactif au Canada et aux Etats-Unis.
Quoiqu’il en soit, dans deux semaines, une nouvelle réflexion s’articulera à la lumière des informations soumises aux analyses de Santé-Canada et une décision sera éventuellement prise. Il pourrait bien ne plus y avoir de nouvelles insertions d’implants texturés au Canada, sous peu.
Les options disponibles aux patientes qui cherchent des augmentations moins importantes, un profil plus naturel, ou qui présentent des difficultés particulières à leur point de départ, qui cherchent une plus grande stabilité au niveau de leurs implants, s’en verront réduites. Il s’agit là de mon opinion personnelle et plusieurs de mes confrères m’ont confirmé la partager.
Une question demeure : Qui vaincra : La Panique ou la Science ?
À cet égard, la Science, qui malheureusement demeure toujours limitée, mérite d’être consultée. Je vous réfère donc à notre article suivant, le # VIII !!!, qui rapporte les données les plus récentes portant sur le LAGC-AIM, discutés au congrès de Toronto ce week-end dernier.
Dr Jean-Pierre Daigle
Chirurgien Plastique
Autres articles
Une étude-maison sur le remplacement d'implants par le Dr Jean-Pierre Daigle.
À l'été 2024, j'ai procédé à une révision des interventions que j'ai pratiquées sur les seins.
Groupe IV Les Implants Micro-Texturés de Mentor.
L'usage de ces implants texturés a été très limité et ces derniers n'ont pas été associés au LAGC-AIM.
Il m'est impossible avec ce nombre réduit de tirer des statistiques.
Néanmoins, ces implants représentent dans ma série de patients, 2.5% de ces ruptures d'implants.
Il n'y a pas lieu de rechercher d'emblée des séromes ou des masses suggestives de lymphome associé aux implants mammaires mais l'échographie demeure sans doute d'examen de choix pour évaluer l'intégrité de ces implants.
Une mammographie de dépistage est aussi requise pour les patientes de plus de 40 ans ou plus jeunes, si elles ont une histoire personnelle ou familiale de cancer du sein. Rappelons que le but de la mammographie est de dépister une lésion de la glande mammaire et non pas d'évaluer l'implant lui-même. C'est aussi de la médecine rigoureuse d'évaluer glande et implant avec ces deux mesures pour avoir un diagnostic complet .
Groupe II: Remplacement des implants mammaire "Vintage"
24 09 2024
Il s'agit d'implants, en général, de silicone liquide, datant d'avant 1992. Puisqu'ils sont toujours en place, ces implants datent de plus de 30 ans.
Ils représentent 25% des implants rompus que j'ai opérés.
Les patientes consultent très tard (30 à 42 ans), car leurs seins ne sont plus leur priorité. Elles ont des limitations financières, ou de santé... . Elles me consultent souvent pour autre chose (visage, paupières), qui est alors, devenu pus prioritaire...
Ces implants peuvent être considérés comme rompus dans l'ensemble.
Il y a rarement d'investigation à faire. Les capsules de ces implants sont souvent calcifiées ce qui rend le bilan radiologique des seins eux-mêmes quasi impossible.
Essentiellement tous ces implants demandent qu'on enlève chirurgicalement silicone et capsules fibreuses, qu'on reconstruise une cavité, qu'on mette des implants modernes de gel de silicone, ou qu'on ne remette simplement plus rien.
Un redrapage, seul, n'est en général pas possible car il n'y a plus de glande mammaire.
Les implants sont souvent devant le muscle ce dernier s'est atrophié depuis des années.
Une reconstruction par derme artificiel ("Alloderm tm) peut être discutée mais est couteuse et associée à davantage de complications, une convalescence plus complexe et plus longue. Elle est rarement retenue comme solution. Des techniques qui s'apparentent à "la brassière interne" sont souvent requises bien que personnellement, j'ai toujours nommées ces techniques comme étant des "capsuloraphies".
C'est dans ce groupe qu'il est le plus fréquent de ne pas remplacer les implants. Une solution de "compromis" est souvent acceptée.
Je souhaiterais (recommande) qu'aucune patiente portant encore ces implants, ne les garde, si leur santé permet une intervention chirurgicale pour les retirer, les remplacer si possible.
Elles devraient au plus tôt obtenir une opinion d'un chirurgien en qui elles pourraient accorder leur confiance.