L'Éternelle saga des implants mammaires VIII
Mise à jour des informations sur les implants texturés. Le Congrès de Chirurgie Plastique et Esthétique de Toronto
Alors voici quelques chiffres que j’y ai obtenus :
1) Un total d’environ 615 cas de lymphome associé aux implants auraient été identifiés pour la planète entière depuis l’existence de ces implants et ce, jusqu’en 2018. De ce nombre, il y aurait eu 16 décès, soit un risque de mortalité de 4% pour les gens atteints de la maladie.
2) Le risque d’avoir la maladie elle-même, varie selon les diverses régions du globe où des implants texturés ont été utilisés. Parmi les pays où le niveau de vie peut être qualifié d’«élevé», et où les données sont plus fiables, on rapporte qu’il est le plus élevé :
aux Pays-Bas (1 cas/6920) ,
en Nouvelle-Zélande et en Australie (1/1,000 ou 1/10,000…),
aux USA (1/19,737).
L’estimé au Canada serait de 1/24,000 porteuses d’implants texturés.
3) Au Canada, 25 cas auraient été identifiés depuis l’usage des implants texturés en 2002. Il n’y a eu aucune mortalité rapportée à ce jour. 22 patients vont bien. 3 patients ont eu des traitements adjuvants à la chirurgie (chimio).
4) 4% des cas canadiens viennent du Québec. Un (1) cas a été identifié. Il n’y a pas eu de mortalité rapportée.
5) De par le monde, très peu de cas ont été identifiés avant 5 ans d’implantations et très peu après 15 ans. La moyenne est de 8 ans après l’implantation. L’âge des patientes varie de 28 à 87 ans pour une médiane de 52 ans.
6) Le symptômes le plus fréquent de l’apparition d’un lymphome associé à un implant texturé est une collection de liquide autour de l’implant (79% des cas), l’apparition d’une masse (40%), l’apparition d’une contracture capsulaire (8%), l’apparition d’un ganglion anormal (8%), l’apparition d’un rash cutané inexpliqué (2%). La douleur n’est pas un mode d’apparition en soi.
7) Actuellement les observations et les recommandations de tous les organismes de santé demeurent les mêmes :
a) Le risque d’avoir un Lymphome À Grandes Cellules Associé aux
Implants Mammaires est un risque très faible (voir encart ci-bas).
b) TOUS les organismes dont Santé-Canada, soulignent que l’exérèse des
implants en place n’est pas recommandée en regard du LAGC-AIM.
c) Les patientes qui présentent une masse, une collection de liquide autour
de leur implant plus d’un an après l’implantation, ou de la douleur,
doivent consulter leur médecin.
Il faut comprendre ici qu’il s’agit d’une recommandation générale face aux maladies du sein. Le cancer du sein est près de 2000 fois plus fréquent que le LAGC-AIM par exemple. Notons finalement que la douleur n’est pas un mode de présentation caractéristique du LAGC-AIM, ni du cancer du sein par ailleurs.
Encart :
Si on combine les points (1) à (5) qui précèdent, on pourrait résumer que le risque probable de développer un lymphome associé à un implant texturé au Québec est quelque part autour de 1 sur 15,000 soit 0.0067% pour une mortalité de 4% de cela, soit 0.00027%. Par comparaison, le taux de cancer du sein pour les femmes de ce groupe d’âge est d’au moins de 11% au Québec.
(http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/statistiques-de-sante-et-de-bien-etre-selon-le-sexe-volet-national/taux-d-incidence-du-cancer-du-sein/), avec ou sans implants mammaires. Une patiente avec un implant texturé a donc 1667 fois de plus de chance de développer un cancer du sein qu’un lymphome associé aux implants, au cours de sa vie. C’est donc vraisemblablement ce qu’elle devrait surveiller le plus !
Le taux de mortalité du cancer du sein est malheureusement de bien plus que 4%... Mais l’ablation préventive des seins n’est pas pour autant recommandée en prévention du cancer du sein pour l’ensemble des femmes… On rapporte également que le risque d’induire un cancer par les radiations par un programme de dépistage de cancer du sein serait de 8 cas /100,000 femmes ainsi suivies (0.008%)… (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9709287), soit un peu plus que le risque de l’ALCL-AIM… De plus, le cancer « induit » par cet examen est bien plus agressif que ne semble l’être l’ALCL-AIM. Mais l’examen a pour but d’identifier un cancer cependant spontanément plus fréquent et qui fait encore des ravages.
Il faut toujours évaluer les avantages et les désavantages de tout ce que nous faisons.
Idéalement, il faut demeurer objectif et éviter que la panique ne remplace la science. Mais la science est incomplète et la panique se nourrit de bien peu de choses.
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L'usage de ces implants texturés a été très limité et ces derniers n'ont pas été associés au LAGC-AIM.
Il m'est impossible avec ce nombre réduit de tirer des statistiques.
Néanmoins, ces implants représentent dans ma série de patients, 2.5% de ces ruptures d'implants.
Il n'y a pas lieu de rechercher d'emblée des séromes ou des masses suggestives de lymphome associé aux implants mammaires mais l'échographie demeure sans doute d'examen de choix pour évaluer l'intégrité de ces implants.
Une mammographie de dépistage est aussi requise pour les patientes de plus de 40 ans ou plus jeunes, si elles ont une histoire personnelle ou familiale de cancer du sein. Rappelons que le but de la mammographie est de dépister une lésion de la glande mammaire et non pas d'évaluer l'implant lui-même. C'est aussi de la médecine rigoureuse d'évaluer glande et implant avec ces deux mesures pour avoir un diagnostic complet .
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24 09 2024
Il s'agit d'implants, en général, de silicone liquide, datant d'avant 1992. Puisqu'ils sont toujours en place, ces implants datent de plus de 30 ans.
Ils représentent 25% des implants rompus que j'ai opérés.
Les patientes consultent très tard (30 à 42 ans), car leurs seins ne sont plus leur priorité. Elles ont des limitations financières, ou de santé... . Elles me consultent souvent pour autre chose (visage, paupières), qui est alors, devenu pus prioritaire...
Ces implants peuvent être considérés comme rompus dans l'ensemble.
Il y a rarement d'investigation à faire. Les capsules de ces implants sont souvent calcifiées ce qui rend le bilan radiologique des seins eux-mêmes quasi impossible.
Essentiellement tous ces implants demandent qu'on enlève chirurgicalement silicone et capsules fibreuses, qu'on reconstruise une cavité, qu'on mette des implants modernes de gel de silicone, ou qu'on ne remette simplement plus rien.
Un redrapage, seul, n'est en général pas possible car il n'y a plus de glande mammaire.
Les implants sont souvent devant le muscle ce dernier s'est atrophié depuis des années.
Une reconstruction par derme artificiel ("Alloderm tm) peut être discutée mais est couteuse et associée à davantage de complications, une convalescence plus complexe et plus longue. Elle est rarement retenue comme solution. Des techniques qui s'apparentent à "la brassière interne" sont souvent requises bien que personnellement, j'ai toujours nommées ces techniques comme étant des "capsuloraphies".
C'est dans ce groupe qu'il est le plus fréquent de ne pas remplacer les implants. Une solution de "compromis" est souvent acceptée.
Je souhaiterais (recommande) qu'aucune patiente portant encore ces implants, ne les garde, si leur santé permet une intervention chirurgicale pour les retirer, les remplacer si possible.
Elles devraient au plus tôt obtenir une opinion d'un chirurgien en qui elles pourraient accorder leur confiance.