L’ÉTERNELLE SAGA DES IMPLANTS MAMMAIRES III.
COMMENT SAVOIR À QUEL SEIN SE VOUER.
23 janvier 2019
Qu’est-ce que le LYMPHOME POSSIBLEMENT ASSOCIÉ AUX IMPLANTS MAMMAIRES TEXTURÉS
Qu’est-ce qu’un lymphome
Un lymphome est une cancer des ganglions du corps.
Un lymphome peut aussi impliquer d’autres organes qui contiennent des cellules de notre système de défense immunitaire, comme la rate, le thymus, le foie, les os, où se trouvent aussi des cellules de notre système de défense.
Les ganglions sont répartis en environ 800 groupes (ou nœuds) dans tout le corps.
Vous pouvez voir sur l’image qu’il y a beaucoup de ganglions autour des seins : en dedans du sein, dans les aisselles, sous la clavicule, et même dans les seins eux-mêmes.
Si un être humain a un lymphome, on trouvera en général des bosses au niveau des ganglions de ces régions et possiblement au niveau des seins.
Les lymphomes en général sont-ils rares?
Non, les lymphomes en général ne sont pas si rares. Grosso modo, c’est environ la 8e cause de cancer. En France, par exemple, plus de 100,000 français vivants ont actuellement un lymphome, ou ont guéri d’un lymphome. Environ 70 millions de français vivent en France. Avec 7 millions d’habitants, il y aurait 10,000 patients porteurs de lymphomes diagnostiqués au Quebec. La prévalence des lymphomes au Québec serait d’environ 7 pour mille habitants ou 0.7% de la population. Oui, je sais, les mathématiques c’est pas si simple… . Je fais par exprès, pour montrer combien il est difficile de suivre les chiffres d’un reportage… Je parle ici des lymphomes chez les gens qui n’ont pas d’implants. Je parle également ici des lymphomes vivants et non pas de ceux trouvés en une seule année. On appelle cela la « prévalence » . L’incidence , le nombre de cas par année, est bien sûr bien moindre.
Je le dis tout de suite, parce que ça se place bien, alors que vous venez de lire cette section : Au Québec, 2 cas de lymphomes ont été trouvé chez des femmes porteuses d’implants texturés, dans les 3 dernières années.
Quelle est la cause des lymphomes
La cause des cancers des ganglions (lymphome), n’est pas bien connue. On sait qu’il y a certaines histoires familiales ou génétiques.
Ils apparaissent également plus souvent avec certaines maladies auto-immunes y compris celles causées par des traitements qui affectent l’immunité. Ils sont aussi suspectés d’être déclenchés par à un grand nombre de virus courants.
En fait, dans la majorité des cas, la cause précise d’un lymphome n’est pas vraiment connue.
Y a-t-il plusieurs types de lymphomes?
Il y a deux grands groupes de lymphomes, les « Hodgkiniens » (maladie de Hodgkin) et les « NON-Hodgkiniens ». Il s’agit d’une séparation qui tient compte de ce qu’on voit au microscope et aussi des succès des traitements et des chances de survie. Les lymphomes NON-Hodgkiniens sont moins favorables d’une façon générale que les Hodgkiniens.
On a observé ces dernières années que les lymphomes Non-Hodgkiniens deviennent plus fréquents. Aucune cause précise n’a été identifiée pour expliquer cette augmentation.
https://www.francelymphomeespoir.fr/contenu/comprendre/infos-mg/les-lymphomes
Qu’est-ce que le « Lymphome Anaplasique à Grandes Cellules » (« LAGC »)
Ce lymphome est un lymphome « NON-HODKINIEN » rare : environ 3% des lymphomes non-Hodkiniens. Ne lisez pas 3% de la population! 3% des lymphomes non-Hodkinien! Qui sont environ 1/3 de tous les lymphomes.
Le LAGC existe dans toute la population, hommes et femmes mais est donc très rare.
Si on reprend l’exemple de la France, où environ 100,000 patients sont actuellement porteur d’un type ou d’un autre de lymphome, il pourrait donc avoir touché 1,000 (3% de 1/3 de 100,000) patients ou patientes qui vivent actuellement, avec ou sans implants, en France.
https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=98841
Qu’est-ce que le « Lymphome Anaplasique à Grandes Cellules Associé aux Implants Mammaires » (« LAGC-IM).
On utilise l’abréviation « LAGC-AIM », pour le retrouver sur l’internet, en français, et BIA-ALCL( Associated Anaplastic Large Cell Lymphoma ), en anglais.
Il y a aura environ 2 ans, qu’un groupe de chirurgie issus d’un très grand centre de gestion et de reconstruction du cancer du sein, présentait au Canada, une étude rapportant la possibilité de cette condition au voisinage d’implants mammaires chez 140 patientes issues de 12 pays de par le monde.
Cette étude est disponible dans son intégralité dans la bibliothèque de notre site (« MD Anderson BIA ALCL Report »). Le but du rapport était de sensibiliser les praticiens au dépistage et d’établir une conduite à tenir. À ce moment, la seule étude disponible parlait d’une incidence risque de 1/300,000 porteur d’implants.
Chez la moitié de ces 100 premiers cas, le type d’implant qui avait été retiré n’avait pas été identifié ou ne pouvait être identifié.
Dans l’autre moitié de ces premiers cas, on pouvait identifier qu’il s’agissait d’implants texturés pour la VASTE majorité mais pas exclusivement. Il pouvait s’agir d’implants texturés de salin, de silicone, et sans égard aux compagnies les fabriquants.
Je crois qu’il vous faut relire les lignes précédentes plusieurs fois.
Qu’elle a été l’évolution de ces patients avec un LAGC-AIM de la première vague
Certaines patientes auraient guéri avec la simple exérèse des implants et de la capsule fibreuse. Cela m’est très difficile à comprendre pour un cancer comme un lymphome, mais c’est ce qui est rapporté dans la littérature.
Certaines ont eu des chirurgies plus agressives qui s’apparent à une chirurgie pour cancer du sein. Certaines ont eu de la chimiothérapie s’apparentant à celle utilisée pour les lymphomes.
Les chances de guérison ont été bonnes. Certaines femmes en sont mortes.
La clef du succès semble résider dans le dépistage précoce du problème et dans la bonne gestion de la maladie si elle est présente. C’est ce que visait à établir l’article présenté par le groupe du MD-Anderson Cancer Center.
LE LAGC-AIM EST-IL UN TYPE DE CANCER DU SEIN ?
Le LAGC-AIM n’est donc pas un cancer du tissu mammaire en soi, mais plutôt un type de cancer qui se développe autour du tissu cicatriciel qui recouvre l’implant, ce qu’on appelle la capsule fibreuse. Par la suite, il est possible dans certains cas, que le lymphome puisse se propager dans tout le corps, bien que cette situation semble la plus rare.
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L'usage de ces implants texturés a été très limité et ces derniers n'ont pas été associés au LAGC-AIM.
Il m'est impossible avec ce nombre réduit de tirer des statistiques.
Néanmoins, ces implants représentent dans ma série de patients, 2.5% de ces ruptures d'implants.
Il n'y a pas lieu de rechercher d'emblée des séromes ou des masses suggestives de lymphome associé aux implants mammaires mais l'échographie demeure sans doute d'examen de choix pour évaluer l'intégrité de ces implants.
Une mammographie de dépistage est aussi requise pour les patientes de plus de 40 ans ou plus jeunes, si elles ont une histoire personnelle ou familiale de cancer du sein. Rappelons que le but de la mammographie est de dépister une lésion de la glande mammaire et non pas d'évaluer l'implant lui-même. C'est aussi de la médecine rigoureuse d'évaluer glande et implant avec ces deux mesures pour avoir un diagnostic complet .
Groupe II: Remplacement des implants mammaire "Vintage"
24 09 2024
Il s'agit d'implants, en général, de silicone liquide, datant d'avant 1992. Puisqu'ils sont toujours en place, ces implants datent de plus de 30 ans.
Ils représentent 25% des implants rompus que j'ai opérés.
Les patientes consultent très tard (30 à 42 ans), car leurs seins ne sont plus leur priorité. Elles ont des limitations financières, ou de santé... . Elles me consultent souvent pour autre chose (visage, paupières), qui est alors, devenu pus prioritaire...
Ces implants peuvent être considérés comme rompus dans l'ensemble.
Il y a rarement d'investigation à faire. Les capsules de ces implants sont souvent calcifiées ce qui rend le bilan radiologique des seins eux-mêmes quasi impossible.
Essentiellement tous ces implants demandent qu'on enlève chirurgicalement silicone et capsules fibreuses, qu'on reconstruise une cavité, qu'on mette des implants modernes de gel de silicone, ou qu'on ne remette simplement plus rien.
Un redrapage, seul, n'est en général pas possible car il n'y a plus de glande mammaire.
Les implants sont souvent devant le muscle ce dernier s'est atrophié depuis des années.
Une reconstruction par derme artificiel ("Alloderm tm) peut être discutée mais est couteuse et associée à davantage de complications, une convalescence plus complexe et plus longue. Elle est rarement retenue comme solution. Des techniques qui s'apparentent à "la brassière interne" sont souvent requises bien que personnellement, j'ai toujours nommées ces techniques comme étant des "capsuloraphies".
C'est dans ce groupe qu'il est le plus fréquent de ne pas remplacer les implants. Une solution de "compromis" est souvent acceptée.
Je souhaiterais (recommande) qu'aucune patiente portant encore ces implants, ne les garde, si leur santé permet une intervention chirurgicale pour les retirer, les remplacer si possible.
Elles devraient au plus tôt obtenir une opinion d'un chirurgien en qui elles pourraient accorder leur confiance.