L'Éternelle saga des implants mammaires VI
Mise à jour des informations sur les implants texturés au 4 mars 2019
04/03/2019Nous ajoutons aussi le lien pour voir la communication du Ministère de la Santé.
Je vous invite à les lire avec attention.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1156030/implants-mammaires-quebec-sante-patientes
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201903/04/01-5216921-les-quebecoises-avec-des-implants-mammaires-textures-seront-contactees.php
http://www.msss.gouv.qc.ca/accueil/2019-03-04-1556-implants-mammaires-textures-le-msss-tient-a-rassurer-les-femmes-et-a-preciser-les-demarches-preventives-en-cours/
Vous constaterez que l’article ne porte QUE sur les implants texturés et QUE sur l’apparition d’un Lymphome À Grande Cellules (LAGC).
Les articles ne visent pas les porteurs d’implants lisses. Ils ne visent pas les symptômes associés à « la maladie des implants », mais seulement ceux sur le lymphome de type LAGC.
Selon ces articles, le Ministère demande aux hôpitaux d’identifier les dossiers des patients opérés dans les hôpitaux et ayant eu l’implantation de prothèses texturées, puis d’aviser les femmes concernées des risques et des signes et symptômes signalant possiblement un LAGC.
Ma compréhension est que ce sont les hôpitaux qui auront cette responsabilité. Les articles précisent que les patientes seront avisées « par un formulaire » de surveiller « le gonflement anormal d’un sein, des douleurs ou une masse palpable » et de prendre un rendez-vous avec leur médecin, dans de telles circonstances.
Ces observations sont également essentiellement celles que les fabricants d’implants ont émises par le passé et que nous avons affichées sur notre blogue le 30 novembre 2018, à quelques différences près.
Je voudrais préciser cependant les notions qui suivent.
a) La survenue d’une masse palpable est bien plus fréquente que le lymphome à grande cellules !
Il peut s’agir d’une tumeur du sein, bénigne ou maligne, qui sont des lésions vues très fréquemment. Rappelez vous que le LAGC n’est pas une tumeur du sein lui-même mais des ganglions qui sont surtout autour du sein. Rappelez-vous que le LAGC est très rare. Il n’y aurait qu’un cas recensé au Québec (sur les présumées 15000 patientes) au cours des 15 dernières années, alors que des tumeurs du sein sont identifiées chaque jour. Nous ne savons pas si cette patiente avait subi une reconstruction du sein post cancer avec ou sans radio thérapie ou s'il s'agissait d’une chirurgie esthétique. Il est probable que les risques ne soient pas les mêmes pour les deux groupesé
LE PREMIER DIAGNOSTIC A CONSIDÉRER LORSQU'UNE PORTEUSE D'IMPLANTS TEXTURÉS PRÉSENTE UNE MASSE DANS LE SEIN N'EST PAS CELUI DU LYMPHOME ASSOCIÉ AUX IMPLANTS. MAIS IL FAIT PARTIE DES LÉSIONS À RETENIR.
Si vous identifiez une masse à votre sein, vous devez, comme auparavant, consulter un médecin et elle se doit d’être investiguée adéquatement.
Le seul examen physique de votre médecin n’est en général pas suffisant. Il est plus que probable qu’il demandera une mammograhie et une échographie pour identifier la nature de la masse et préciser si elle est associée à la capsule qui s’est formée autour de l’implant. Cet examen est également excellent pour identifier la présence de liquide autour de votre implant. Ces deux derniers critères son très importants pour dépister ou éliminer un LAGC.
Par la suite, l’investigation doit se faire en fonction de ce qui est trouvé: une orientation vers un chirurgien du sein pour les masses du sein, vers un chirurgien plastique, pour la présence de liquide autour de l’implant, pour une suspicion de LAGC, ou tout autre problème associé à un implant.
b) La douleur n’est pas un signe de LAGC ou même de tumeur en soi.
Beaucoup de masses sont identifiées lorsqu’une douleur nous amène à nous examiner, à nous palper. Très souvent c’est en faisant cet auto-examen que nous identifions une masse au même site. Par contre, très très souvent, la douleur n’est pas en lien direct avec la masse. Par exemple un lipome bénin de la cuisse au-dessus d’une arthrose de la hanche, trouvé en se frottant la hanche peut amener le patient à considérer que le lipome est responsable de sa douleur, plutôt que l'arthrose. Il est normal d’associer dans notre esprit la présence d'une masse et la douleur, mais souvent, ce n’est pas vraiment le cas.
Il faut aussi savoir que la majorité des masses du sein ne sont pas douloureuses, que la majorité des implants rompus ne causent pas de douleur, que la majorité des lymphomes ne sont pas en soi douloureux.
L’apparition d’une douleur seule, n’est donc pas un signe diagnostique de grand chose dans le monde de la chirurgie du sein.
La découverte d’une masse demande toujours cependant une investigation, qui peut n’être qu’un examen physique par votre médecin, ou demander davantage.
Tout cela pour dire, que dans le questionnaire proposé par le Ministère, la présence de douleur, ne me semble pas très pertinente dans le diagnostic d’un lymphome associé aux implants mammaires, et son absence, pas plus rassurante non plus. Je crois que les patientes qui ont des douleurs de toute nature au niveau du thorax, des seins, seront alarmées face à cette lésion rare qu'est le lymphome associé aux implants mammaires mais que très très peu (moins que 1/3000 par exemple), sans présence de masse ou de liquide autour de l'implant, en seront affligées. Ces femmes auront par contre, comme toutes les autres femmes, un risque de cancer du sein de 8% à vie.
Les autres critères : augmentation inexpliquée du volume d'un sein, apparition d’une ou plusieurs masses au voisinage d'un implant, présence de liquide autour d’un implant lors d’un examen du sein par échographie par exemple , sont définitivement plus valables.
c) L’article précise que le Ministère demandera également accès aux dossiers détenus dans les cliniques privés. C’est là que sont opérées la majorité des patientes consultant pour une amélioration esthétique. Je n’ai moi-même à ce jour reçu aucune demande à cet effet et la majorité de mes patientes ont été opérées ici chez ISOMED. Nous avons déjà fait ce blogue et envoyé des courriels à de nombreuses patientes pour les inciter à nous lire. Cependant, les adresses courriels de nos patientes ne sont pas toutes à jour avec les années qui passent. Nous faisons actuellement des efforts pour maintenir notre banque de données de courriel à jour. Toutes les patientes (les nôtres et les autres) intéressées par notre blogue peuvent nous demander de les inscrire à notre mailing.
NB: Si vous présentez des signes ou des symptômes tels que :
-Une augmentation inexpliquée du volume de votre sein ou
le dépistage lors d’un examen, d’une accumulation de liquide autour de votre implant plusieurs années après l’implantation
-Notez l’apparition d’une masse profonde, fixée au thorax, près de vos implants;
Vous pourriez être atteinte de cette très rare maladie qu’est le LAGC et vous devriez consulter un plasticien ou un chirurgien du sein afin d'être orientée vers une investigation adéquate.
Souhaitons que ce premier recensement nous apporte d’avantage d’informations sur les risques présentés par les implants texturés.
Autres articles
Une étude-maison sur le remplacement d'implants par le Dr Jean-Pierre Daigle.
À l'été 2024, j'ai procédé à une révision des interventions que j'ai pratiquées sur les seins.
Groupe IV Les Implants Micro-Texturés de Mentor.
L'usage de ces implants texturés a été très limité et ces derniers n'ont pas été associés au LAGC-AIM.
Il m'est impossible avec ce nombre réduit de tirer des statistiques.
Néanmoins, ces implants représentent dans ma série de patients, 2.5% de ces ruptures d'implants.
Il n'y a pas lieu de rechercher d'emblée des séromes ou des masses suggestives de lymphome associé aux implants mammaires mais l'échographie demeure sans doute d'examen de choix pour évaluer l'intégrité de ces implants.
Une mammographie de dépistage est aussi requise pour les patientes de plus de 40 ans ou plus jeunes, si elles ont une histoire personnelle ou familiale de cancer du sein. Rappelons que le but de la mammographie est de dépister une lésion de la glande mammaire et non pas d'évaluer l'implant lui-même. C'est aussi de la médecine rigoureuse d'évaluer glande et implant avec ces deux mesures pour avoir un diagnostic complet .
Groupe II: Remplacement des implants mammaire "Vintage"
24 09 2024
Il s'agit d'implants, en général, de silicone liquide, datant d'avant 1992. Puisqu'ils sont toujours en place, ces implants datent de plus de 30 ans.
Ils représentent 25% des implants rompus que j'ai opérés.
Les patientes consultent très tard (30 à 42 ans), car leurs seins ne sont plus leur priorité. Elles ont des limitations financières, ou de santé... . Elles me consultent souvent pour autre chose (visage, paupières), qui est alors, devenu pus prioritaire...
Ces implants peuvent être considérés comme rompus dans l'ensemble.
Il y a rarement d'investigation à faire. Les capsules de ces implants sont souvent calcifiées ce qui rend le bilan radiologique des seins eux-mêmes quasi impossible.
Essentiellement tous ces implants demandent qu'on enlève chirurgicalement silicone et capsules fibreuses, qu'on reconstruise une cavité, qu'on mette des implants modernes de gel de silicone, ou qu'on ne remette simplement plus rien.
Un redrapage, seul, n'est en général pas possible car il n'y a plus de glande mammaire.
Les implants sont souvent devant le muscle ce dernier s'est atrophié depuis des années.
Une reconstruction par derme artificiel ("Alloderm tm) peut être discutée mais est couteuse et associée à davantage de complications, une convalescence plus complexe et plus longue. Elle est rarement retenue comme solution. Des techniques qui s'apparentent à "la brassière interne" sont souvent requises bien que personnellement, j'ai toujours nommées ces techniques comme étant des "capsuloraphies".
C'est dans ce groupe qu'il est le plus fréquent de ne pas remplacer les implants. Une solution de "compromis" est souvent acceptée.
Je souhaiterais (recommande) qu'aucune patiente portant encore ces implants, ne les garde, si leur santé permet une intervention chirurgicale pour les retirer, les remplacer si possible.
Elles devraient au plus tôt obtenir une opinion d'un chirurgien en qui elles pourraient accorder leur confiance.